
La passion, phénomène subi et passif pour toute la tradition classique, est l’empire du corps et asservit l’homme. Deux moyens s’offrent néanmoins à l’homme pour la combattre : la volonté (Descartes) et la connaissance (Spinoza). Mais ni l’une ni l’autre, malgré leur grandeur, ne paraissent des armes à toute épreuve pour l’éradiquer. Et d’ailleurs, en est-il besoin ? C’est la question que pose Hegel en soulignant son aspect créateur et son rôle historique, véritable instrument au service de la “Raison universelle“. Mais ce faisant, Hegel soulage l’homme du poids aliénant de la passion pour mieux l’asservir à une transcendance qui le dépasserait. Ne pourrait-on dès lors imaginer la passion sur le mode d’une pulsion certes liée au corps mais créatrice, que nous serions capables, par la volonté, de canaliser et de sublimer ? N’est-ce pas là, par exemple, toute l’œuvre de l’artiste ?
